Cette critique comporte des spoilers sur les événements de la saison 1 mais pas de la saison 2.
A l’automne 2021, Apple TV+ nous proposait en grande pompe sa nouvelle série : Foundation. Cette adaptation du célèbre roman de science-fiction d’Isaac Asimov a disposé d’un budget conséquent et, sans grande surprise, la saison 1 était plutôt convaincante dans sa réalisation, ses effets spéciaux et sa mise en scène. Néanmoins l’œuvre d’Asimov à la particularité de se dérouler sur plusieurs siècles, avec des personnages les traversant et d’autres n’étant que de passage. Cette particularité rendait les dix premiers épisodes de la série quelque peu difficiles à suivre. Mais qu’en est-il de cette deuxième saison ?
Un petit rappel s’impose
Pour rappel, dans Foundation nous sommes projeté 22 000 ans dans le futur. La Terre a été abandonnée depuis des millénaires et la planète centrale de l’univers se nomme Trantor, siège de l’Empire galactique. Tous les mondes, ou presque, sont sous son contrôle. Mais Hari Seldon, un mathématicien statisticien surdoué, a annoncé que l’Empire s’effondra inexorablement, provoquant une période de guerres intergalactiques longue de 30 000 ans. Seldon est l’inventeur de la psychohistoire, permettant de prédire le futur avec certitude. Il décide alors d’établir une “fondation” à l’autre bout de l’univers, en compagnie de sa jeune protégée, une mathématicienne nommée Gaal Dornick. L’objectif ? Sauvegarder le savoir humain et raccourcir au maximum la période de chaos qui suivra la chute de l’Empire.
Dans la saison 1, les trois empereurs (trois clones parfaits de l’empereur Cléon à différents âges), accordaient à Seldon le droit de créer sa fondation sur la planète Terminus. En chemin, tout ne se passait pas comme prévu et Gaal était éjectée du vaisseau avant d’entrer en cryo-sommeil pendant plusieurs décennies. Après moult péripéties, on découvrait néanmoins que la colonie établie sur Terminus parvenait à se développer et Gaal finissait par être réunie avec sa fille sur sa planète natale Synnax. Sa fille n’étant autre que Salvor Hardin, gardienne de Terminus et personnage clé de la première saison.
Une histoire plus posée et vraiment intéressante
Cette saison 2 reprend là où nous nous étions arrêtés. La bonne nouvelle est qu’elle se déroule de façon beaucoup plus linéaire. Pour tous ceux qui, comme moi, avaient trouvé la narration de la saison 1 compliquée en raison des nombreux sauts dans le temps, cette fois il n’y en a pas. Il en résulte dix épisodes plus interconnectés et un visionnage plus fluide. Foundation prend davantage le temps de poser son intrigue et de développer certains personnages. L’histoire se déroule sur plusieurs fronts. D’un côté nous suivons Gaal, Salvor et Hari qui ont leur propre agenda. Ce pan de l’intrigue est plutôt dynamique et offre quelques rebondissements. Mais il est cependant un peu décevant au niveau de l’écriture, avec quelques aspects vites expédiés. A noter le développement d’une vraie dimension psychique qui n’était qu’effleurée dans la précédente saison.
Foundation prend davantage le temps de poser son intrigue et de développer certains personnages.
Une nouvelle partie de l’histoire très intéressante se développe autour de la conversion des planètes à la Fondation. Plus d’un siècle après sa création, celle-ci s’est énormément étendue et Hari Seldon est devenu pour certains un genre de divinité. Quelques croyants parcourent la galaxie pour promouvoir la Fondation et réduire dans le même temps l’influence de l’Empire. C’est notamment le cas de l’attachant duo de moines Poly Verisof et Constant. Ce côté de l’intrigue introduit aussi le personnage de Hober Mallow, escroc attachant ayant un rôle clé. L’histoire du côté de la Fondation est très complète cette saison : elle mêle à la fois humanité, religion, humour et tragédie.
Du côté de l’Empire, là-aussi j’ai trouvé cette saison 2 intrigante. Il faut dire que les trois empereurs ont chacun des objectifs différents et une vision du monde changeante. Du côté de Dawn, plus jeune version de l’empereur, c’est l’amour qui guide ses actes. Day est lui plus que jamais occupé puisqu’il souhaite révolutionner la dynastie génétique en se mariant mais doit surtout faire face à la menace représentée par la Fondation. Enfin Dusk se mue cette année en véritable enquêteur, révélant ainsi bien des secrets sur la dynastie des Cléons. Les trois empereurs sont toujours accompagnés par Demerzel, dont le rôle est cette fois central. Son personnage prend en effet une épaisseur considérable et on a envie d’en savoir encore plus à son sujet !
Une mise en scène impériale ?
Foundation introduit cette saison de nouveaux personnages intéressants, parfois attachants, parfois détestables. Le casting est de qualité. Jared Harris est toujours convaincant en Hari Seldon, tout comme Laura Birn parfaite dans son rôle de Demerzel. Les empereurs gagnent eux en personnalité, permettant un peu plus de nuances aux trois acteurs les interprétant (Cassian Bilton, Lee Pace et Terrence Mann). L’anglaise Isabella Laughland (frère Constant) fait une arrivée remarquée. A noter aussi la bonne performance de Ben Daniels qui campe un général de l’Empire aux plusieurs facettes.
Côté mise en scène, cette saison 2 ne déçoit pas et parvient à monter en puissance. L’écriture globalement qualitative et la narration plus posée aident à capter l’attention et à maintenir une certaine tension. Les deux derniers épisodes sont d’ailleurs particulièrement denses avec de l’action et des rebondissements à la pelle. Le show offre quelques scènes d’actions rythmées que ce soit au sol ou dans l’espace. Les effets spéciaux sont un petit cran en dessous des séries Star Wars mais la qualité visuelle demeure très satisfaisante. Foundation est clairement une série de science-fiction disposant d’un joli budget. L’enrobage visuel est réussi et l’enrobage sonore (signé Bear McCreary) est efficace, même s’il manque peut-être un thème vraiment marquant.