Petit à petit, le robot Astro trace sa route sur PlayStation. Après une première apparition en 2013 dans The Playroom puis un succès triomphant dans Astro’s Rescue Mission sur le PlayStation VR en 2018, le revoilà pour de nouvelles aventures sur PlayStation 5. Pensé pour faire une démonstration technologique de la nouvelle manette DualSense, le titre de la Team Asobi est en fait loin de se réduire à sa vocation première.
Oubliez la DualShock, artefact du passé…
Dès le lancement du jeu, un premier tutoriel permet se familiariser avec les principales capacités du pad blanc et noir serré par nos mains. Ces dernières sont utilisées à bon escient dans l’ensemble du jeu. Largement mis en avant par Sony dans sa communication, les retours haptiques constituent à mes yeux (ou plutôt à mes mains), la nouveauté la plus convaincante. Il suffit de quelques minutes pour comprendre que le retour aux moteurs de vibrations “classiques” va être difficile. Ces nouvelles vibrations sont bien plus précises, mieux localisées par rapport à l’action et offrent une tonne de variantes d’intensités et de rythmes. Quelques passages du jeu se déroulent sous la pluie et Astro, sans doute non certifié IP67, sort alors un parapluie. Je peux vous assurer que l’on sent chaque goutte rebondir sur le parapluie et que la différence entre une faible pluie et une averse orageuse est palpable. Si le vent souffle de gauche à droite, les vibrations retranscrivent la direction et la force de celui-ci. Bref, Sony n’avait pas menti.
Les retours haptiques constituent à mes yeux (ou plutôt à mes mains), la nouveauté la plus convaincante.
Autre nouveauté largement mise en avant par la firme japonaise, les gâchettes adaptatives. Là aussi le résultat est séduisant. Outre l’exemple de la corde de l’arc plus ou moins tendue, le jeu comporte une machine qui distribue des bonus contre des pièces PS (à récupérer dans les niveaux). Ces bonus (ou collectibles) sont enfermés dans une boule en verre qu’il faut casser en la serrant avec la main droite. Arrivé à mi-course, le verre oppose une vive résistance et il faut faire un réel effort de pression sur R2 pour le briser. Astro’s Playroom utilise aussi la gyroscopie et le pavé tactile, deux features déjà connues des joueurs. Pour ma part, je trouve toujours celles-ci imprécises. Mais les développeurs ont au moins fait l’effort d’intégrer des phases de jeu originales pour les mettre en avant. Astro peut enfiler des armures. L’une d’elle le transforme en petit vaisseau biréacteur que l’on contrôle en inclinant la manette pour éviter les obstacles tout en récupérant les collectibles. Dans une autre séquence, Astro est monté sur ressort et ne peut se déplacer qu’en faisant des bons dirigés via le gyroscope. Il va aussi devenir l’espace de quelques minutes une boule de flipper qu’il faudra manier au touchpad avec la plus grande parcimonie. Voilà qui apporte de l’originalité au gameplay.
Côté audio, la manette embarque également quelques technologies intéressantes. Le haut-parleur est utilisé de façon quasi permanente (souffle du vent, clapotis de l’eau, bruit de pas sur un sol métallique…) et globalement ça fonctionne. Ceci étant dit, le son est bien sûr beaucoup moins bien restitué que celui de votre TV, home cinéma ou casque. Si vous avez des enceintes arrières, vous trouverez sans doute cette nouveauté gadget, sinon cela peut ajouter un tantinet d’immersion. Le micro intégré à la DualSense est également mis à l’usage puisque l’on peut souffler sur celui-ci pour faire tourner une petite hélice et ouvrir des passages.
Mille et un clins d’oeil à l’univers PlayStation
Non content de faire une démonstration complète de la manette, Astro’s Playroom va au bout de ses idées et constitue en réalité un hommage dantesque à la marque PlayStation, de sa création à aujourd’hui. Les quatre mondes proposés par le jeu sont en fait autant de composants de la PlayStation 5. Jugez plutôt : Station Climatisante, Jungle du GPU, Circuit SSD et Prairie de la RAM. C’est ainsi que le souffle d’un ventilateur de GPU va parfois faire bouger la corde sur laquelle vous vous tenez en équilibre ou que des barettes de RAM géantes seront érigées comme deux tours dans le décor. Alors bien sûr le gros du jeu consiste à sauter de plateforme en plateforme et à éliminer les ennemis colorés (et pas très résistants) qui rôdent dans les environnements, mais les composants sont largement mis en avant dans chaque partie du périple d’Astro.
Astro’s Playroom va au bout de ses idées et constitue en réalité un hommage dantesque à la marque PlayStation
Mais ce n’est pas tout ! Si autant de joueurs cherchent à terminer le titre à 100% (ou “platiner” comme disent les puristes), c’est parce que tous les collectibles du jeu sont autant de souvenirs de gamers. On trouve un peu partout des pièces de puzzle qui permettent de reconstituer des frises narrant l’histoire des consoles Sony. Et on cherche surtout les artefacts, qui sont autant de machines ou accessoires ayant marqué ces 25 dernières années. La PSP GO ? Elle y est. L’EyeToy ? Aussi. Le multitap de la PS1 ? Pareil. En plus Sony les décrit avec humour voir de l’auto-dérision. Tout ce que vous trouvez est ensuite réuni dans un espèce de musée retraçant votre progression, et donc l’histoire de la marque. Mention spéciale d’ailleurs pour le troisième et dernier boss du jeu qui vous plongera 25 ans en arrière !
Et au rayon hommage, il faut bien sûr mentionner les mises en scènes proposées par tous les autres robots peuplant les niveaux. Nombre d’entre eux sont en effet “déguisés” en héros ou héroïnes ayant marqué plusieurs générations de joueurs. Deux robots cachés derrière une porte évitant un zombie, c’est Resident Evil bien sûr. Un robot avec une marque rouge sur le visage arrivant avec son fils sur un drakkar, c’est forcément God of War ! Des mises en scène comme celles-ci, il y en a des dizaines et elles font toujours sourire.
Du fun, gratuitement
Et le sourire, vous allez le garder tout au long des trois à quatre heures nécessaires pour finir le jeu. Tout simplement parce qu’Astro répond aux doigts et à l’œil et que l’on prend vraiment du plaisir à le diriger. Et pour ne rien gâcher, la fluidité est bel et bien au rendez-vous puisque le jeu tourne tranquillement en 4K 60FPS comme prévu. Évidemment ce n’est pas la claque graphique, le “system seller”, mais c’est néanmoins très plaisant à l’œil. Certaines textures sont même particulièrement travaillées. Et les reflets sur Astro et autres surfaces réfléchissantes sont eux aussi convaincants. Côté sonore, j’apprécie globalement les bruitages qui contribuent au côté mignon et fun du jeu. Les musiques font largement le taff sans pour autant être mémorables.
Et puis il faut rappeler que ce Astro’s Playroom est pré-installé gratuitement sur la console. Sony n’a pas forcément mis en avant le jeu autant que ses grosses cartouches (Spider-Man : Miles Morales et Demon’s Soul notamment) et cela est peut-être une erreur. Car même si le titre est court, on peut quand même se dire que la PS5 est vendue en bundle avec un jeu, contrairement à sa concurrente. Il sera intéressant de voir la stratégie que Sony va adopter à l’avenir vis-à-vis de sa nouvelle licence dont la popularité ne cesse de croître depuis sa première apparition il y a 7 ans. Astro pour concurrencer Mario ? Et pourquoi pas !