On peut dire que le lancement de Cyberpunk 2077 a été chaotique. Rempli de bugs, limite injouable sur PlayStation 4 et Xbox One, le jeu de CD Projekt a été vivement critiqué. L’action en bourse de la société polonaise en a d’ailleurs pris pour son grade. De mon côté j’ai décidé de prendre mon mal en patience et d’attendre que la version PlayStation 5 soit bien optimisée pour me lancer dans l’aventure dans les meilleures conditions. En ce début d’année 2023 j’ai donc joué plus de 50 heures au titre, et quelle claque !
Une écriture et une immersion exceptionnelle
Cyberpunk 2077 nous met dans la peau de V. Un personnage qui peut être masculin ou féminin puisque le jeu propose un éditeur de personnage ultra complet. Il est possible de tout éditer, jusqu’à la forme des parties génitales ! Il faut également choisir les origines de notre personnage : est-il plutôt un nomade, un riche citadin (corpo) ou un gosse des rues ? Ce choix n’est pas anodin car il modifie le prologue, certaines séquences du jeu et quelques possibilités de dialogues. L’histoire du jeu est prenante et parfaitement narrée. V tente de se faire un nom dans la ville de Night City, une métropole américaine fictive pleine de vice, de violence et de corruption. Lors d’une mission avec son pote Jacky, tout tourne au vinaigre et V doit faire un choix crucial. Malheureusement si ce dernier lui permet de survivre, il va aussi importer une seconde personnalité dans sa tête, Johnny Silverhand (Keanu Reeves donc), créant un conflit néfaste et ingérable. A tel point que V est condamné progressivement à la mort. Il est de plus accuser de l’assassinat du PDG d’une immense corporation qui est au centre du jeu.
Vous l’aurez compris, il va falloir trouver la solution pour sauver votre personnage. Et ce tout en essayant de rétablir la vérité autour du meurtre qu’on vous a mis sur le dos. La bonne nouvelle c’est que CD Projekt démontre encore son incroyable don pour l’écriture. Cyberpunk 2077 sonne toujours juste et on avance dans l’intrigue sans jamais pouvoir lâcher la manette. Les quêtes principales sont intéressantes, relativement variées, et spectaculairement mises en scène. J’avais un doute sur la vue à la première personne mais il s’est dissipé en quelques minutes tant l’immersion m’a impressionné. De plus, la VO est remarquable.
CD Projekt démontre encore son incroyable don pour l’écriture
Je parlais d’immersion, c’est pour moi l’un des gros points forts du jeu. Les développeurs ont pris le soin de bâtir une ville cohérente, avec des quartiers ayant une âme et des personnages hauts en couleurs. Quelque chose qui m’a frappé par son réalisme est la gestion des communications téléphoniques et des SMS. V reçoit sur son téléphone de nombreux messages et parfois c’est simplement un PNJ qui vous pose une question, qui a besoin de réconfort ou qui prend de vos nouvelles. Cela contribue fortement au réalisme. Mais ce n’est pas tout puisque vos romances perdurent également. Dans ma partie j’ai décidé de sortir avec Panam et cette dernière m’envoyait ensuite régulièrement des SMS voir des photos osées ! Encore une fois ce sont des détails mais c’est aussi ça qui immerge totalement le joueur dans l’univers proposé.
Résolument mature
Cyberpunk 2077 est particulièrement mature et n’a pas volé son PEGI 18. Je vous parlais de romance, sachez que les conclusions sont plutôt explicites ! Les excellents dialogues sont eux aussi pour un public averti. Et, vous vous en doutez, les combats suivent la même philosophie : pas de limite. Il va donc y avoir du démembrement fréquent.
Parlons des combats justement. J’avais une petite appréhension à ce sujet puisque j’associe souvent arme à feu à mort quasi instantanée, surtout en cas de headshot. Or le jeu est un RPG et les ennemis ont une barre de santé, ce qui veut dire qu’il est difficile de les tuer de façon réaliste en une seule balle. Et bien mes doutes se sont envolés au fil de ma progression. Non seulement les gunfights sont nerveux mais en plus la sensation de puissance des armes est particulièrement bien rendue. Plus j’améliorais mes armes, plus je trouvais les combats jouissifs. Un très bon point donc.
Les gunfights sont nerveux et la sensation de puissance des armes est particulièrement bien rendue
Mais Cyberpunk, c’est beaucoup plus que des gunfights puisqu’on peut aussi se battre au corps à corps à l’arme blanche ou tenter des approches en mode infiltration. Bien entendu les implants cybernétiques sont au cœur de ce genre d’univers futuriste. Et on va progressivement pouvoir améliorer ceux de V afin de les utiliser à bon escient. On peut par exemple contrôler des caméras à distance, déclencher un mécanisme pour surprendre l’ennemi, aveugler l’ennemi en hackant ses implants oculaires, voler des données en piratant l’accès à un ordinateur, etc. Malgré tout j’ai trouvé qu’il était plus intéressant d’améliorer d’autres compétences telles que le maniement des armes par exemple. Disons que l’on ressent plus la progression à ce niveau qu’au niveau des hacks. Les fans de RPG ne seront pas déçus de l’arbre de compétences mis en place par CD Projekt tant il est énorme ! D’ailleurs, même en ayant passé plus de 50 heures sur le jeu, j’ai dû débloquer 25% des améliorations. Il faudra donc faire des choix car il me semble impossible de tout déverrouiller.
Le gameplay du jeu est assez riche pour qu’on ne s’ennuie pas. V peut notamment acheter et conduire des voitures et motos. La physique des voitures est cependant un point faible du jeu que j’espère voir corriger dans une éventuelle suite. Le jeu vous propose aussi des “danses sensorielles”. Il s’agit de souvenirs d’individus que l’on peut revivre comme si on y était, à travers leurs yeux. Mais on peut surtout tourner autour des protagonistes et analyser la couche visuelle, thermique et sonore à la recherche d’indices (un objet pas à sa place, une personne à la température corporelle anormalement élevée, un bruit suspect…). Ces “DS” (danses sensorielles donc) sont très utiles pour mener des enquêtes. Car notre personnage est amené à travailler avec de très nombreux individus, aux personnalités différentes et aux objectifs différents. Et dans de nombreuses missions, il y aura une petite part d’enquête souvent intéressante. D’une manière générale les missions principales et secondaires sont réussies. Le jeu contient aussi un certain nombre de contrats, défis ou d’autres plus petites quêtes qui fonctionnent mais qui sont forcément moins travaillées et plus répétitives. Mais globalement je ne me suis pas du tout ennuyé pendant mon aventure. Il est évidemment compliqué de résumer l’entièreté des possibilités d’un titre open world en quelques lignes, mais disons que Cyberpunk 2077 propose un package très complet. Vous pourrez même acheter des appartements !
La claque visuelle attendue ?
Développé à la fois pour l’ancienne et la nouvelle génération de consoles, le jeu de CD Projekt a fait couler beaucoup d’encre à son lancement. En effet les versions PS4 et Xbox One sont techniquement ratées et à priori irrécupérables. Les versions PS5, Xbox Series et PC étaient quant à elles bien meilleures, et en 2023 elles sont même de grande qualité. Alors, je ne vous le cache pas, il reste des bugs. Ils sont notamment liés à la physique. Les plus courants sont les voitures qui s’enfoncent dans le sol et les ennemis qui meurent dans des positions improbables. Parfois le corps d’un ennemi mort est même complètement déformé. Par exemple, son bras fait deux mètres et va dans le mur. Ces bugs existent donc encore mais dans les faits rien de dramatique pour l’expérience de jeu au global. Un script ne se déclenchant pas m’a par contre obligé à relancer ma dernière sauvegarde pour avancer. Évidemment c’est le genre de chose qu’il faudrait encore corriger.
Passé ces quelques désagréments, le jeu réussit à nous immerger totalement grâce à sa partie visuelle sublime. Et la claque vient notamment des éclairages. Pour moi il s’agit des éclairages les plus aboutis à l’heure actuelle. J’ai passé un temps fou à les observer et à me déplacer pour voir leur rendu. Le flare lié à ceux-ci fait toujours son petit effet. Outre les éclairages, les réflexions sont aussi très qualitatives. Et que dire des textures de peau ? Elles sont incroyablement détaillées pour chaque PNJ avec lequel vous pouvez interagir. Les pores, les poils, les boutons, les marques : enfin une peau next-gen qui ne ressemble pas à du plastique lisse ! Cela peut paraître un détail mais dans un jeu à la première personne, ça fait vraiment une belle différence. Lors de vos discussions avec ces personnages, vous constaterez aussi que leur synchro labiale est excellente (j’ai joué en VO) mais aussi que le mouvement de leurs yeux et globalement de leur corps est très réaliste. Dans son ensemble le jeu est donc superbe, mais il y a encore des inégalités.
La claque vient notamment des éclairages. Pour moi il s’agit des éclairages les plus aboutis à l’heure actuelle.
Alors que les textures sont souvent riches en détails, on tombe par ci par là sur des assets beaucoup plus sommaires qui dénotent quelque peu. Autre point décevant : les passants. Je vous disais que les personnages principaux, avec lesquels vous interagissez, sont superbes. Pour les passants c’est une toute autre histoire. Ceux-ci sont beaucoup moins détaillés et semblent de plus errer dans les rues, sans réel but. On se doute que CD Projekt pourra faire mieux avec un jeu pleinement pensé pour la génération actuelle dès le départ. Ces défauts restent en tout cas mineurs et Cyberpunk 2077 est incontestablement un beau titre à l’heure actuelle.
Côté audio, j’en parlais plus haut, les doublages anglais du jeu sont parfaits. Les différents thèmes musicaux sont quant à eux de qualité, sans pourtant être marquants. GTA-like oblige, on peut également écouter la radio, notamment en voiture. On retrouve alors une playlist éclectique répartie entre différentes stations. Il y en a pour tous les goûts : hip hop, jazz, electro et bien sûr rock. Le personnage de Johnny Silverhand étant un ancien rockeur célèbre, la thématique du rock fait partie intégrante du jeu. Plusieurs morceaux de son groupe fictif nommé Samurai ont été composés par le groupe Refused, bien connu des amateurs de punk rock. Au plaisir des yeux se mêle donc celui des oreilles.