Dire que Hogwarts Legacy était attendu est un euphémisme. En effet, depuis plus de 20 ans, les jeux basés sur la licence Harry Potter se sont succédés sans vraiment convaincre. Oscillant entre le correct et le médiocre, ils n’ont jamais fait l’unanimité. Alors quand Warner Bros Games a annoncé un RPG open world ambitieux narrant une histoire originale dans l’univers de JK Rowling, les fans ont repris espoir. Des premiers leaks en 2018 à sa sortie le 7 février 2023, l’attente aura été longue. Mais le résultat est à la hauteur !
Secrets d’Histoire s’invite à Poudlard
À moins d’avoir hiberné dans une grotte ces dernières années, vous savez probablement que Hogwarts Legacy se déroule un siècle avant l’histoire d’Harry Potter. C’est donc à la fin du 18eme siècle que l’on se retrouve projeté. Selon son choix, on incarne un ou une nouvelle élève arrivant directement en cinquième année à Poudlard. Le traditionnel éditeur de personnage permet bien sûr de modeler son magicien ou sa magicienne sur-mesure. A la manière des livres Harry Potter, le jeu s’étend sur une année scolaire. Le professeur Fig, intrigué par les formes de magies anciennes, pense avoir décelé en vous un potentiel et vient lui-même vous chercher pour vous ramener ensuite à l’école. Mais le convoi est attaqué en route et on découvre progressivement que l’infâme gobelin Ranrok cherche à acquérir de mystérieux pouvoirs pour éradiquer les humains pratiquant la magie. Je ne vais pas vous spoiler le déroulé de l’histoire mais sachez que celle-ci se laisse suivre, sans être surprenante pour autant. J’ai d’ailleurs trouvé qu’à l’exception du final, celle-ci avançait assez lentement tout au long des 25 heures nécessaires pour la finir. Je ne parle ici que de l’intrigue principale, vous pouvez doubler ce temps pour finir toutes les quêtes et encore plus pour finir le jeu à 100%.
La map créée par les développeurs est suffisamment vaste pour inviter à l’exploration et comporte son lot de grottes, châteaux, villages ou encore camps de bandits. Le programme est donc relativement classique mais efficace. Et pour les fans, le bonheur de se balader dans Pré-au-Lard ou Poudlard est total. Car ce château de Poudlard est totalement fou ! Chaque tour, chaque cour, chaque hall, chaque escalier, bref chaque recoin a été modélisé. Pour le visiter intégralement et découvrir tous ses secrets, cela vous prendra des heures. A vrai dire, le bâtiment est tellement immense qu’il regorge de téléporteurs pour se déplacer. De nombreuses pièces sont très fidèles aux films ce qui rend le fan service encore plus important. En plus de pouvoir parler avec certains élèves et professeurs qui vous confieront des quêtes annexes, des énigmes et challenges vous seront également proposés en quantité au sein de l’école.
Pour les fans, le bonheur de se balader dans Pré-au-Lard ou Poudlard est total. Car ce château de Poudlard est totalement fou !
Le château est donc sans surprise le point central du jeu et on finit toujours pas y revenir. Peut-être même un peu trop. Dans les 7-8 premières heures du jeu, j’avais l’impression de ne presque jamais en sortir. En effet le déroulé de l’aventure se veut extrêmement fidèle à celui d’un livre. Et notre personnage doit donc assister à de nombreux cours de magie pour déverrouiller des sorts. Entre l’herbologie, la métamorphose, la défense contre les forces du mal, les potions… vous allez souvent revenir en classe. Au total vous pourrez apprendre plus d’une trentaine de sorts lors de votre aventure. Un très beau total qui sert le gameplay, sur lequel je reviendrais plus bas.
Du fan service en veux-tu, en voilà !
Hogwarts Legacy propose vraiment tout ce qu’un fan de la licence pouvait espérer. Cela inclut les moyens de se déplacer. Comme aperçu dans les trailers, il est possible d’avoir son balai et son hippogriffe. Un troisième moyen de déplacement existe mais se débloque vers la fin de la quête principale, je vous laisse donc la surprise. Quoi qu’il en soit, se déplacer en volant est rapide et grisant. Petit bémol toutefois pour les amateurs de Quidditch, le sport phare des magiciens n’est pas intégré au titre d’Avalanche Software. Vu le succès du jeu, on peut penser qu’une suite sera mise en chantier et le Quidditch serait alors un ajout fort probable.
Hogwarts Legacy propose vraiment tout ce qu’un fan de la licence pouvait espérer.
Les fans des Animaux Fantastiques seront aux anges puisqu’il est possible de capturer tout un tas de bêtes et créatures vivant dans les contrées magiques du jeu. Vous pourrez ensuite câliner et nourrir celles-ci pour deux raisons. Déjà elles sont super mignonnes ! Ensuite parce que vous obtiendrez des composants (des plumes par exemple) pour améliorer vos vêtements. Car à l’image de tout bon RPG, Hogwarts Legacy vous propose d’améliorer les compétences de votre personnage ainsi que ses équipements. J’en profite pour émettre un bémol : le nombre d’équipement transportables simultanément est faible. Même si on peut l’augmenter en complétant des épreuves de Merlin (de mini énigmes), on passe un temps fou dans son inventaire à faire du tri. Comme je disais, au fur et à mesure de notre progression, il est possible d’ajouter des améliorations notables à nos vêtements (et à notre balai). Et pour ce faire, il faut utiliser la salle sur demande. Oui, cette salle bien connue des fans est également de la partie !
L’apprenti designer d’intérieur qui sommeil en vous pourra s’en donner à cœur joie. En effet vous pourrez entièrement la décorer à votre goût : bureaux, tableaux, tapis, sculptures, miroirs, fanions, ou encore table de potions. Ces dernières vont vous permettre de concocter des potions à l’aide d’ingrédients récupérés au fil de vos explorations ou achetés chez des marchands. Peu nombreuses, les potions sont par contre efficaces en combat ou pour pour s’infiltrer discrètement avec la fameuse potion d’invisibilité.
C’est pas sorcier !
Les combats, parlons-en justement. J’admets volontiers avoir fait partie des dubitatifs sur ce point. En effet rares sont les RPG ne se concentrant que sur les sorts magiques à distance. Épée, hache, massue, arc sont des armes constituant souvent le socle des jeux se déroulant dans un univers de fantasy. Ici vous n’aurez donc que vos sorts pour vous défendre. Est-ce que les développeurs ont malgré tout réussi à créer quelque chose de dynamique et fun sur le long-terme ? À ma surprise, la réponse est plutôt oui !
Les sorts sont nombreux et répartis dans différentes couleurs. On peut en équiper jusqu’à 16 simultanément ! Un nombre conséquent mais utile puisque certains ennemis disposent d’une barrière magique ne pouvant être brisée que par un sort de la couleur associée. Le jeu se base en fait sur un système de combos intéressants. Projeter un ennemi en l’air, puis l’incendier, puis l’attirer vers vous, puis le lancer au loin… Ce genre d’enchaînement multiplie les dégâts sur l’ennemi en plus d’être assez stylé. Plus on enchaîne les coups sans être touchés, plus la barre de magie ancienne augmente. Et cette magie ancienne, qui est au cœur de l’intrigue, est redoutable d’efficacité lors des affrontements. Faire tomber la foudre ou projeter violemment les ennemis plusieurs fois contre le sol donne une vraie sensation de puissance, que l’on n’a jamais vue dans les films. En plus de ces sorts vraiment “bad-ass”, trois sortilèges impardonnables peuvent être appris en progressant dans l’aventure. Le plus célèbre d’entre eux n’est autre qu’Avada Kedevra. Ce dernier vous permet de tuer instantanément un ennemi. En contrepartie, il s’agit du sort le plus long à recharger. Car chaque sort met un certain temps à se recharger et vous ne pouvez donc pas vous contenter de lancer le même en boucle.
Cette magie ancienne, qui est au cœur de l’intrigue, donne une vraie sensation de puissance, que l’on n’a jamais vue dans les films.
Pour varier un peu les coups et gagner en dynamisme, les développeurs ont aussi intégré des éléments du décors pouvant être projetés sur les ennemis. Par exemple des tonneaux ou des caisses. En désarmant un opposant via le sort Expelliarmus, vous pouvez ensuite envoyer son arme sur lui. Je vous laisse imaginer les dégâts quand c’est une hache que vous balancez sur son propriétaire ! Globalement le système de combat est donc efficace, même si on s’emmêle parfois les pinceaux en switchant entre nos sorts. Les ennemis sont souvent nombreux et les cibler peut aussi devenir difficile, mais rien d’insurmontable. Personnellement je trouve qu’ils sont néanmoins trop peu variés. On passe clairement son temps à affronter des humains, des gobelins, des araignées et des trolls. En une dizaine d’heures on a l’impression d’en avoir fait le tour et le sentiment de déjà-vu est donc important par la suite. Pour terminer sur les combats, sachez que le jeu est plutôt accessible mais que le mode normal offre quand même du challenge, notamment dans le final.
Une mise en scène qui mériterait un coup de baguette magique !
Je vous disais auparavant que le château de Poudlard était titanesque, sachez qu’il est aussi très beau. Les éclairages et les réflexions en ray-tracing font leur petit effet ! Hogwarts Legacy offre une direction artistique soignée et une technique assez solide. On découvre par moment de superbes panoramas et aussi des textures très détaillées. Le jeu fait assez “next-gen” même si certaines textures plus faibles par ci par là ou des visages un bon en cran en dessous de The Last of Us 2 ou Horizon Forbidden West viennent nous rappeler que l’on a affaire à un jeu cross-gen. Malgré cela on est totalement immergé dans l’univers magique proposé et il s’agit bien sûr, de loin, de sa meilleure représentation sous forme vidéoludique.
Ce qui est en revanche dommage, c’est d’avoir manqué d’ambition au niveau de la mise en scène. Je vous disais que l’histoire demeurait assez peu surprenante. Il aurait été alors intéressant de bien réfléchir aux musiques et aux plans de caméras pour donner davantage de souffle épique. On se retrouve bien souvent avec des discussions entre deux personnages très plates, parfois sans aucune musique, avec simplement une alternance de plans fixes sur leurs bustes. Ca ne m’aurait pas choqué dans un RPG il y a 5 ou 6 ans, mais il faut avouer que je m’attendais à bien mieux pour un titre sortant en 2023. Pas de quoi non plus crier au scandale certes, mais il manque quand même quelque chose.
Ce qui est en revanche dommage, c’est d’avoir manqué d’ambition au niveau de la mise en scène.
Et le constat est pire si vous jouez en français. Je me suis résolu à passer en anglais après quelques dizaines de minutes tant la synchronisation labiale me sortait du jeu. Les voix anglaises, bien calées sur les lèvres, renforcent donc l’immersion. Attention toutefois il faudra passer votre console en anglais pour jouer dans la langue de Shakespeare ! Et les sous-titres seront alors eux-aussi en anglais. Dommage que les développeurs n’aient pas laissé le choix d’une VOST FR dans les menus du jeu, comme de nombreux autres titres. Pour finir sur une note musicale, je pourrais résumer cet aspect simplement : efficace. Il n’y a pas grand chose à reprocher mais pour autant aucun thème ne m’a marqué au fer rouge.