Après une année 2022 remarquable (Severance, Pachinko, Ted Lasso, Black Bird…), Apple TV+ s’attaque cette année à l’adaptation d’un best-seller de la littérature signé Hugh Howey : Silo. Est-ce que la qualité est encore une fois au rendez-vous ? Réponse garantie sans spoiler dans les lignes qui suivent.
Voyage au centre de la Terre
Silo est une œuvre de science-fiction post-apocalyptique dans laquelle la surface de la terre est devenue invivable il y a plusieurs siècles. Les survivants vivent désormais dans un gigantesque silo enterré de 144 étages. Autant dire que le créer à dû être extrêmement ardu. Comme le titre de l’œuvre le suggère, le silo est l’élément central de l’histoire. Cette véritable ville souterraine de plusieurs milliers d’habitants reproduit d’ailleurs les mêmes inégalités que les villes que nous connaissons. Les populations sont ainsi divisées, avec les classes les plus populaires vivant au fin fond du silo tandis que les plus riches et influents membres squattent les étages supérieures.
Des tensions existent mais les révoltes sont rares. La plupart des gens vivent leur vie sans trop se poser de questions. Ils sont pourtant dans l’ignorance car les reliques du passé (documents papiers, disques durs, images) ont été détruites. Impossible de savoir avec certitude qui a construit le silo et dans quel but. Dans ce contexte mystérieux, le shérif Holston a de plus en plus de doutes sur le monde à l’extérieur du Silo. Est-il vraiment invivable ? Alors que Holston demande à sortir, une série de morts suspectes fait monter la tension et c’est Juliette (Rebecca Ferguson), une mécanicienne surdouée, qui mène l’enquête.
Je n’irai pas plus loin pour ne pas vous spoiler. Vous l’aurez toutefois compris, Silo est une série à suspense et à théories. Le spectateur se pose de nombreuses questions et n’obtient bien sur des réponses qu’au compte-goutte.
Une adaptation solide et prenante
À l’image des précédentes productions Apple TV+, la réalisation de Silo est de qualité. L’univers dépeint est cohérent. Les décors sont volontairement ternes, parfois un peu oppressants du fait de l’absence totale de lumière. On peut aisément comprendre la volonté de certaines personnes d’en sortir ! Après un épisode pilote convaincant et plutôt dense en informations, la série prend le temps de construire son intrigue. Le rythme est globalement bon, à l’exception d’un ou deux épisodes au cœur de la saison un peu plus lents. Ce qui est en revanche important c’est que le dernier tiers monte en puissance jusqu’à l’inévitable twist final, que je n’avais pas vu venir et qui remet beaucoup de choses en question ! Pour autant, à l’exception de ce twist, le déroulement de la saison reste assez classique. C’est très efficace, plaisant à suivre et j’avais vraiment envie de voir la suite, mais il n’y a rien de particulièrement révolutionnaire dans l’écriture. Il n’y a pas non plus de séquences cultes ou extrêmement émouvantes. Ce qui laisse une marge pour une saison 2 encore plus marquante.
Le casting fait le job, porté notamment par une Rebecca Ferguson plus que jamais personnage central de l’intrigue. C’est décidément une bonne année de l’actrice suédoise puisqu’elle est aussi à l’affiche de Mission Impossible : Dead Reckoning et Dune : Part 2 ! L’intrigue gravite autour de quelques personnages, Silo est ainsi plus intimiste que épique. On retrouve notamment Tim Robbins (Les Evadés, Mystic River), Common (John Wick), Iain Glen (Game of Thrones), Harriet Walter (Succession, The Crown) ou encore Chinaza Uche (déjà aperçu sur Apple TV+ dans Dickinson). Un beau casting interprétant des personnages plutôt intéressants car souvent en niveaux de gris (à l’image des murs du Silo !). Chacun a ses raisons d’agir pour son propre intérêt ou au nom d’une cause qui lui semble supérieure. Bref, les scénaristes ont réussi à bien développer l’intrigue principale et l’évolution des personnages au fil des événements. Cela fait aussi du bien de retrouver une série post-apocalyptique sans zombies après le flot continu de séries du genre ces dernières années.