En juin 2023, Star Wars Outlaws se dévoilait enfin et me mettait deux claques coup sur coup. D’abord via un superbe trailer lors du Xbox Showcase puis dès le lendemain avec son impressionnante vidéo de gameplay diffusée lors du Ubisoft Forward. Le titre a dès lors figuré parmi mes jeux les plus attendus de 2024. Après s’être armé de patience, il est désormais temps de vous livrer mon verdict sur cette aventure galactique.
Braqueurs amateurs
Outlaws fait le pari audacieux d’être un Star Wars sans Jedi. Ce qui peut décevoir pas mal de monde a plutôt tendance à m’intriguer voire me rassurer. La fabuleuse série Andor a prouvé qu’il y a bien plus à exploiter dans la saga que la thématique habituelle des Jedi et des Sith. Pour son titre, Massive Entertainment a choisi le prisme du banditisme puisque l’héroïne, Kay Vess, est une hors-la-loi en quête de liberté. Abandonnée par sa mère lorsqu’elle n’était qu’une jeune ado, Kay est une criminelle de bas étage qui vit avec le plus adorable des compagnons, Nix. Une petite créature hyper attachante qui ne sert pas qu’à nous faire craquer avec sa bonne bouille puisqu’elle apporte aussi au gameplay (j’y reviendrais).
Kay se retrouve presque malgré elle embarquée dans un braquage qui tourne mal et contraint de fuir sa planète, Canto Bright. Elle est dès lors activement recherchée par Zerek Besh, le syndicat du crime le plus important, dirigé par un certain Sliro. A partir de là on est amené à visiter quatre planètes et à effectuer tout un tas de quêtes de différents types. La quête principale nous demande de recruter différents membres d’équipage pour réaliser le casse du siècle. Les quêtes de syndicats proposent de remplir une mission pour l’un des quatre syndicats du jeu, et ce afin de gagner en réputation. On retrouve aussi tout un tas de contrats et autres quêtes plus courtes, moins scénarisés, mais qui ajoutent à la durée de vie et permettent souvent de récupérer des équipements ou des matériaux pour les améliorer. Enfin un jeu de cartes a été implémenté, le Sabbac. Même si la quête principale peut se boucler en 20-25 heures, il y a donc de quoi faire pour ceux qui voudraient s’investir au maximum.
Nathan Snake
Le hic, c’est que malgré l’immersion totale et très réussie dans l’univers Star Wars, la boucle de gameplay est bien trop redondante pour nous motiver à faire l’ensemble des quêtes. Le déroulé des missions est souvent identique. D’abord on approche un PNJ qui nous demande de récupérer quelque chose pour lui en trois lignes de dialogues alors qu’on ne le connait même pas ! Puis on part donc s’infiltrer dans une planque de faction ou une base impériale. On passe pas mal de temps dans les conduits d’aération, plus que dans Metal Gear Solid premier du nom ! Une fois l’item de quête en notre possession, l’alarme se déclenche bien souvent et il faut s’enfuir en tirant au blaster sur tout ce qui bouge. La formule est plutôt efficace, notamment au début puisque l’on découvre le titre. Mais elle reste très basique, c’est du vu et revu depuis pas mal d’années. Pour enrichir un peu les possibilités, Nix peut nous aider à distraire les gardes, à activer des mécanismes ou même à faire exploser les grenades à la ceinture des ennemis. Les features les plus funs se débloquent au fur et à mesure même si elles ne changent pas fondamentalement l’approche.
On passe pas mal de temps dans les conduits d’aération, plus que dans Metal Gear Solid premier du nom !
Kay peut aussi améliorer son équipement, notamment son blaster mais pas que. Elle débloque aussi des compétences en complétant des objectifs petit à petit. La possibilité de ralentir le temps pour marquer les ennemis et les abattre avec style me rappelle évidemment Red Dead Redemption. Notre intrépide héroïne peut aussi utiliser différents modes de tirs en fonction des cibles à abattre. Cela apporte un semblant de variété. D’autant qu’en gagnant en réputation auprès des factions, on débloque d’autres items et améliorations, parfois rares. Pour obtenir la confiance d’une faction, il faudra bien souvent en trahir une autre. Il n’est pas donc pas aisé d’être en bons termes avec toutes et il faudra faire des choix. Les quêtes proposées nous emmènent régulièrement dans l’espace où l’on peut récupérer des cargaisons dans des épaves en orbite mais aussi prendre part à des combats spatiaux plutôt satisfaisants. Rien de révolutionnaire mais le résultat est dynamique et les améliorations progressives de notre vaisseau permettent de gagner en puissance de feu et en résistance. Le speeder est lui aussi améliorable pour faciliter l’exploration au sol.
Un vrai Star Wars
S’il y a un domaine où Star Wars Outlaws ne déçoit pas, c’est dans l’immersion. On ne peut que féliciter le travail de Massive Entertainment pour nous immerger dans une vraie épopée Star Wars. Sur les cinq planètes présentes, trois proposent de vastes étendues explorables à pied ou en speeder. La variété est au rendez-vous. Des vallées de Toshara à la jungle de Akiva, en passant par le désert de l’inévitable Tatooine, le titre nous propose quelques panoramas superbes. Les phases d’exploration sont nombreuses largement calquées sur la formule “Uncharted” avec de l’escalade, du grappin et ses fichus bout de roches instables qui s’effondrent, sans surprise, sous nos pieds ! Les villes et villages proposés sont plutôt animés et vivants et de nombreuses races de l’univers de George Lucas sont représentées.
Les personnages principaux, alliés comme ennemis, sont d’ailleurs éclectiques. Sans atteindre des sommets d’écriture, on parvient à s’attacher à certains d’entre-eux, en particulier ND-5, le droïde présent sur la jaquette. Nix, notre petite boule de poil, nous fait évidemment fondre. Surtout lors des séquences “cute” aux restaurants où des QTE permettent de partager un plat avec lui. Les thématiques abordées par le scénario principal tournent autour de la liberté et de l’émancipation. L’empire et sa répression occupent également une place centrale, on pouvait s’en douter. L’histoire se laisse suivre et le chapitre final est réussi, offrant une belle fin à l’aventure de notre héroïne et sa bande de hors-la-loi.
On ne peut que féliciter le travail de Massive Entertainment pour nous immerger dans une vraie épopée Star Wars.
L’immersion est favorisée par des graphismes globalement solides et une bande-son fidèle à l’esprit Star Wars. La VO est convaincante elle-aussi. Côté visuel, Outlaws utilise le moteur maison, le Snowdrop Engine, pour nous offrir un résultat de qualité. Ce n’est pas la claque graphique mais les environnements sont réussis et on a même droit à quelques réflexions sur le sol ou sur les armures des Stormtroopers particulièrement réalistes. Petit détail : le jeu se lance par défaut en format presque cinémascope (21:9) avec d’imposantes bandes noires horizontales. On peut bien sûr jouer en plein écran mais j’ai décidé de suivre la vision d’origine des développeurs et de faire l’aventure dans ce format très panoramique. Je suis en revanche moins convaincu par les animations faciales. Si celles-ci semblaient réussies dans les premiers trailers, elles sont décevantes dans le titre final.
A bug’s life
Mais cette déception n’est rien à côté du gros point noir du jeu… l’intelligence artificielle ! Je ne vais pas y aller par quatre chemins : l’IA est une catastrophe. A tel point que j’ai rigolé plus d’une fois en jouant. Les stormtroopers n’ont jamais été des lumières dans les films et séries Star Wars, mais on atteint ici un niveau de stupidité rare. Bien qu’ils vous voient parfois à trente mètres sans problème, ils sont aussi capables de vous rater lorsque vous leur passez devant. De même, lorsque vous êtes repéré, s’accroupir dans l’entrée d’un conduit d’aération suffit à les faire abandonner, quand bien même vous êtes à 50 cm d’eux et dans leur champ de vision. Il y a aussi les fois où ils sont bêtement bloqués derrière un élément du décor ou bien encore des accidents de speeders totalement improbables. Bref, les développeurs se sont vraiment ratés sur ce point.
Les stormtroopers n’ont jamais été des lumières dans les films et séries Star Wars, mais on atteint ici un niveau de stupidité rare.
Et techniquement, le bilan est loin d’être rose. Les bugs sont inévitables dans un jeu vidéo, surtout en monde ouvert. Mais on est clairement au-dessus de la moyenne ici. J’ai joué au titre une bonne trentaine d’heures (en septembre), et j’ai repéré de nombreux bugs de collisions, d’animations… Bref, il est dommage que le jeu n’ait pas bénéficié de plus de peaufinage avant sa sortie. Car comme vous le savez ce manque de finition a largement entaché sa réputation.