The Veilguard : le grand test de mon premier Dragon Age

critique Jeu vidéo
The Veilguard : le grand test de mon premier Dragon Age

Dire que Dragon Age : The Veilguard était attendu au tournant est un euphémisme. Après le mitigé Mass Effect Andromeda et le carrément décevant Anthem, Bioware se devait de redorer son blason avec l’une de ses licences phares. Quand on sait que le dernier opus, Inquisition, avait été élu jeu de l’année aux Game Awards, on aurait pu penser que le studio canadien capitaliserait sur ses excellentes fondations. Et pourtant, après dix ans d’un développement très chaotique, c’est une nouvelle formule qui déboule. N’ayant jamais joué aux opus précédents, je vous donne donc mon avis de passionné de RPG qui découvre la licence !

Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?

Comme dans de nombreux RPG modernes, l’aventure commence par la création de son personnage. Un éditeur complet qui vous permet de choisir votre sexe, votre race, votre faction, votre classe et bien entendu tous les attributs physiques de votre héros. Enfin presque tous puisque Bioware s’est montré étonnamment avare sur les options de modification du poids et de la musculature. Mais pour le reste tout est là, jusqu’aux cicatrices liées au changement de sexe (certains PNJ sont d’ailleurs non-binaires). Le jeu est donc inclusif et devrait permettre à chaque joueur de créer un personnage auquel s’identifier. 

Il vous sera ensuite demandé de prendre des décisions par rapport au contexte de votre aventure. Vous pourrez par exemple indiquer si la révolte du précédent opus était menée par un Inquisiteur ou une Inquisitrice, quelle était sa personnalité, etc. A défaut de charger vos données de sauvegardes passées, ces quelques questions permettront de personnaliser un minimum le monde de Thedas pour que votre périple soit cohérent. N’ayant jamais joué aux volets antérieurs, j’ai pour ma part fait des choix “au feeling”. 

Le joueur va devoir s’entourer pour, comme d’habitude, sauver le monde ! 

Votre personnage et le contexte étant en place, le jeu peut réellement débuter. Et ça commence plutôt mal ! Solas, dieu elfique aussi chauve que Barthez, tente de détruire le Voile qui protège le monde de l’Immatériel. Ce même voile qu’il avait lui-même tissé pour emprisonner, entre autres, des anciens dieux maléfiques incroyablement puissants. Rook (notre personnage) et quelques coéquipiers parviennent à interrompre le rituel mais non sans dommages. En effet Elgar’nan et Ghilan’nain, deux des anciens dieux prisonniers, parviennent à s’échapper de l’Immatériel et commencent à imposer leur volonté sur Thedas. C’est dans ce contexte compliqué que le joueur va devoir s’entourer pour, comme d’habitude, sauver le monde ! 

Certains environnements sont superbes. Franchement, c’est un coin parfait pour une pause pic-nic !

La Communauté du Voile

Ce qui m’amène à vous parler du plus gros point fort du jeu : son incroyable casting de personnages. Bioware est réputé pour sa qualité d’écriture et The Veilguard ne déroge pas à la règle. Je me suis littéralement attaché à chaque membre de mon équipe. Plus les heures passaient, plus j’apprenais à les connaître et plus je les trouvais intéressants. Leur histoire personnelle, leurs craintes, leurs rêves : tout est intelligemment développé au fil des discussions et des quêtes secondaires qui leurs sont dédiées. Les développeurs sont parvenus à enchaîner des moments émouvants et des moments hilarants. Honnêtement j’ai beaucoup ri en jouant à ce Dragon Age. Certains choix de dialogues permettent parfois de “troller” ses proches et leurs réactions étaient à chaque fois adéquates. Les membres de votre équipe se parlent aussi entre eux, et vous pouvez surprendre leurs discussions. Parfois ils se posent des questions existentielles, parfois ils se demandent juste qui va cuisiner le prochain repas ! L’écriture est cohérente et on sent vraiment qu’on a des camarades soudés, un peu comme dans le Seigneur des Anneaux.

D’ailleurs, les autres héros et héroïnes peuvent tomber amoureux l’un de l’autre. Cela dépend en grande partie de votre propre choix au niveau de la romance, mais aussi de la façon dont vous les encouragez à se rapprocher et à prendre du temps entre eux. Sachez que l’aspect romantique du jeu côté joueur reste relativement “sage” par rapport à d’autres productions et qu’il faut vraiment attendre la fin de l’aventure pour voir la relation aboutir. A vous de bien choisir vos paroles pour séduire. Bioware oblige, presque toutes les discussions sont ouvertes et il est possible de répondre de différentes façons (drôle, rassurante, conflictuelle…). Un pictogramme en face de chaque réponse représente ces façons. Mais régulièrement ces pictos sont trompeurs donc il vaut mieux se baser sur la réponse écrite à côté pour faire son choix.

Bioware est réputé pour sa qualité d’écriture et The Veilguard ne déroge pas à la règle. Je me suis littéralement attaché à chaque membre de mon équipe.

Souvent ces choix sont anodins. Mais quelques fois, et notamment vers le dénouement de l’aventure, vos décisions vont être cruciales et impacter l’histoire. Bien qu’il n’y ait, à proprement parler, qu’une fin, les dernières heures de l’aventure peuvent donc changer suivant les joueurs. La durée de vie de The Veilguard est par ailleurs assez copieuse. Pour terminer les quêtes principales, les quêtes de personnages et les quêtes de factions, il m’a fallu 75 heures. Et vous auriez tort de rusher le jeu tant les quêtes secondaires sont intéressantes. Les factions du monde de Thedas ont chacune leurs problématiques et on découvre des intrigues politiques, culturelles, voire religieuses, vraiment prenantes. Et concernant vos compagnons, c’est encore mieux. Mention spéciale à Emmrich le nécromancien, Lucanis l’assassin ou encore Davrin et son jeune griffon (il est si mignon et attendrissant !). Côté quête principale, l’histoire est efficace et délivre quelques moments épiques bien mis en scène. 

La pause tactique fige l’écran et permet de réfléchir à la combinaison de sorts à effectuer.

La pause tactique, c’est fantastique ?

Pour apprendre à mieux connaître votre équipe et développer votre niveau de relation avec chaque membre, il est nécessaire de combattre à leur côté. Ce qui me permet de faire une transition vers le gameplay du titre. Il s’agit d’un des points les plus critiqués par les fans des premiers opus de Dragon Age. En effet, The Veilguard prend un tournant assumé vers l’Action-RPG. Avec un côté action il est vrai fort prononcé. Les affrontements sont ultra-dynamiques et les ennemis sont souvent nombreux, créant à l’écran des mêlées spectaculaires. Lors de vos pérégrinations, vous serez systématiquement accompagnés de deux compagnons. A vous de bien les choisir pour créer un trio complémentaire et ravageur.

Car l’un des principes clés du système de combat est la possibilité de combiner les attaques. Concrètement il faut appliquer une altération d’état à l’adversaire (fissure, accablement…) puis le faire “détoner” pour faire un maximum de dégâts. Chaque personnage dispose en tout de cinq sorts améliorables avec des points de compétences. Certains sont par ailleurs élémentaires et appliquent brûlure, gel, électrocution… Il faut donc adapter ses sorts aux faiblesses des ennemis. Rook, notre héros, peut maîtriser plus de sorts. Tout se débloque via un arbre de compétences en mode sphérier, avec trois spécialisations possibles une fois le niveau 20 atteint. Un système de progression simple à appréhender et efficace, sans être révolutionnaire. A cela s’ajoutent évidemment les spécificités liées à la classe sélectionnée lors de la création de son personnage : mage, guerrier, voleur. 

The Veilguard prend un tournant assumé vers l’Action-RPG. Avec un côté action il est vrai fort prononcé.

Sur le papier, les possibilités sont donc nombreuses, mais dans les faits, on fait souvent la même chose. Certaines combinaisons étant plus fortes que d’autres, on en abuse forcément. Même si je ne me suis jamais ennuyé pendant les combats, il faut donc reconnaître une certaine redondance. Rien de grave : j’ai pris du plaisir à affronter les hordes d’ennemis, mais un supplément de profondeur aurait pu être intéressant. En l’état, on passe son temps à frapper l’ennemi (attaque rapide ou chargée) jusqu’à remplir suffisamment sa jauge de rage pour lancer l’un des trois sorts ou compétences équipés. À côté de ça, une compétence ultime se charge progressivement et permet de faire de gros dégâts. Nos compagnons, eux, peuvent également lancer trois sorts, mais il faut attendre un temps de recharge après chaque utilisation.

Pour réfléchir à sa stratégie, une “pause tactique” permet de figer l’écran. Au fil des heures, on assimile les raccourcis de chaque option, et les combats deviennent encore plus dynamiques, puisque la pause est moins utilisée. Pour information, j’ai joué en difficulté intermédiaire et trouvé le jeu plutôt facile. Comme je l’ai fait quasiment à 100 %, je dois admettre que mes personnages étaient toujours à un niveau assez élevé au moment d’avancer dans la quête principale. C’est quand j’ai décidé de m’en prendre à des ennemis dix niveaux au-dessus de moi que j’ai vécu mes meilleurs combats, avec un vrai challenge et un côté gratifiant à la fin.

Outre ses combats, The Veilguard propose d’explorer différentes régions du nord de Thédas mais n’opte pas pour un open world. On se retrouve davantage sur une formule comme Final Fantasy XVI ou les anciens Fable, avec des zones semi-ouvertes que l’on découvre au fur et à mesure. Certains chemins, initialement inaccessibles, le deviennent, et on revient donc dans les zones pour s’y aventurer en profondeur. La formule est linéaire, sage dans son level-design, mais parfaitement maîtrisée. Chaque région a sa propre identité. On passe de la forêt et ses ruines elfiques aux dangereux marécages, en passant par de grandes villes bénéficiant d’une architecture unique. Et quel que soit l’endroit où l’on se trouve, on trouve des matériaux et des coffres tous les dix mètres ! Ce Dragon Age regorge d’éléments à récupérer ! On passe donc un certain temps dans l’interface à comparer les équipements pour sélectionner celui le mieux adapté à notre style de jeu. Heureusement, l’interface du jeu est une grande réussite : elle est aussi claire que jolie. Au passage, sachez que de nombreuses options d’accessibilité sont proposées, un bon point de plus.

Dragon Age : The Veilguard brille par son casting de personnages se serrant les coudes pour réussir l’impossible.

Plein les yeux

Globalement, le titre flatte la rétine. En effet, The Veilguard est souvent très beau. Initialement, comme bien des joueurs, j’avais été surpris par la direction artistique aperçue dans les différents trailers. Mais au final, elle fonctionne vraiment bien. Les personnages sont charismatiques, les environnements ont tous leurs propres identités, et les sorts magiques sont bien rendus… On retrouve aussi des textures de bonne qualité et, surtout, des éclairages travaillés qui viennent sublimer le tout. Je me suis surpris à m’arrêter quelques secondes pour admirer un panorama. Pour ne rien gâcher, le jeu est bien optimisé. À l’heure où de nombreux AAA sortent dans un état décevant, cela fait plaisir de voir un titre fluide et sans bugs flagrants. Seule la caméra m’a fait pester quelques fois. Mais vu le nombre d’ennemis à l’écran et les zones de combat parfois réduites, il est sans doute difficile de faire mieux.

À l’heure où de nombreux AAA sortent dans un état décevant, cela fait plaisir de voir un titre fluide et sans bugs flagrants.

Côté musique, le bilan est un peu moins reluisant. Non pas que le résultat soit mauvais, loin de là, mais aucun thème ne se démarque vraiment. Quand on sait que le grand maître Hans Zimmer est à la baguette, accompagné du très bon Lorne Balfe, on aurait pu s’attendre à une claque sonore. Ayant l’habitude de jouer en VO pour une meilleure synchronisation labiale, je peux vous dire que les voix anglaises sont de qualité. Il est d’ailleurs possible de choisir le timbre de voix de son personnage lors de sa création.

8 8

Dragon Age : The Veilguard est un excellent Action-RPG qui marque le retour de Bioware au premier plan. Avec sa qualité d’écriture remarquable et ses personnages aussi attachants que charismatiques, le jeu parvient à nous happer plusieurs dizaines d’heures. D’autant plus que les quêtes sont toutes de qualité et que certains choix ont de réelles conséquences. Assumant pleinement son orientation action qui pourrait rebuter les fans de la première heure, le titre offre des combats spectaculaires et un gameplay très dynamique auquel il manque toutefois un peu de profondeur pour aller titiller les meilleurs jeux du genre. Un genre qu’il ne révolutionne pas mais dont il est l’un des meilleurs représentants récents. A moins d’être allergique à la fantasy, vous pouvez donc y aller les yeux fermés !

Points forts

  • Un casting de personnages exceptionnels
  • Des quêtes très intéressantes
  • Une belle qualité d’écriture avec beaucoup d’humour
  • Des choix impactants (notamment à la fin)
  • Des régions variées à visiter
  • Une belle réussite visuelle et technique
  • Des combats très dynamiques
  • Des options d’accessibilité par dizaines
  • La VO au poil

Points faibles

  • Des combats qui manquent de profondeur et parfois un peu brouillon
  • De légers soucis de caméra dans les combats en environnements restreints
  • Un level-design (trop) classique
  • Une bande-son assez “convenue”
  • Des choix de réponses pas toujours 100% clairs au niveau du ton

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